« Je commençais à faire des tableaux avec des coupures de journaux et d'affiches en été 1918. Mais c'est à l'occasion d'un séjour au bord de la mer Baltique, à l'île d'Usedom, dans le petit hameau de Heidebrink, que je conçus l'idée du photomontage. Dans presque toutes les maisons se trouvait, accroché au mur, une lithographie en couleurs représentant sur un fond de caserne, l'image d'un grenadier. Pour rendre ce mémento militaire plus personnel, on avait collé à la place de la tête un portrait photographique du soldat. Ce fut comme un éclair, on pourrait - je le vis instantanément - faire des "tableaux" entièrement composés de photos découpées. De retour en septembre à Berlin, je commençais à réaliser cette vision nouvelle en me servant de photos de presse et de cinéma. Pris d'un zèle rénovateur, il me fallait aussi un nom pour cette technique, et d'un commun accord avec George Grosz, John Heartfield, Johannes Baader et Hannah Höch, nous décidâmes d'appeler ces travaux "photomontages". Ce terme traduisait notre aversion à jouer à l'artiste et, nous considérant comme des ingénieurs (de là venait notre préférence pour les habits de travail, les "overs-alls") nous prétendions construire, monter nos travaux. »
Raoul Hausmann, Cinéma synthétique de la peinture, 1918
Recherche